ABRÉGÉ DES SCIENCES DU HADITH

  Les spécialistes du hadith et depuis les premiers temps de l’ère islamique, ont élaboré certaines règles pour évaluer la véracité des propos qu’on attribue aux gens, et surtout les propos attribués au prophète , parce que les paroles du prophète c’est de la religion, et il faut vérifier chaque fois leur fiabilité pour que personne n’ajoute rien à la religion ni y omette.

Dans ce qui suit, une explication super simplifiée des sciences du hadith, juste une initiation, une piste suivant laquelle pourra chacun aller plus loin dans cette vaste branche religieuse islamique.
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Entre le prophète et le lecteur (toi qui es en train de lire ces lignes), il y a une période de temps de plusieurs siècles :  Δt, et tu as entendu dire que le prophète avait dit des paroles, comment pourras-tu savoir que ces paroles sont vraies et avaient bien été dites par le prophète ?

Au cours de la période de temps Δt (voir schéma), il existe des classificateurs, des gens qui avaient recueilli des hadiths dans des livres partout et dans plusieurs cités et villages, comme Bukhari, Muslim, Ibn Khouzayma…. Etc, et ces livres nous sont parvenus par Tawatur, tels qu’ils ont été rédigés par les classificateurs,  à travers des chaînes ininterrompues et successives depuis leurs rédacteurs.



*L’étude du hadith se place donc entre les classificateurs (rédacteurs) et le prophète* : Δt′.

 On vient vers le rédacteur (le classificateur), et l’on lui demande : comment peux-tu être certain que le prophète avait bien dit ceci alors que tu ne l’as jamais rencontré ni entendu de tes propres oreilles ? il te dira : j’ai entendu untel dire. Et untel d’où est-ce qu’il apporte ces paroles ? untel a entendu untel… et ainsi de suite jusqu’à ce que l’on arrive au prophète. De cette façon une chaîne de rapporteurs s’est formée, cette chaîne s’appelle chaîne de transmission : en arabe  sanad (ou encore tariq =voie, chemin)

*Pour que le sanad soit fiable (sahih), la chaîne de rapporteurs (narrateurs) doit être forte, liée  et successive*

Chaque maillon de la chaîne représente «  un narrateur » , ce maillon est délimité par deux temps (t0 = naissance et t1 = mort du narrateur), comme indiqué sur le schéma :




Si par exemple le narrateur C est mort en l’an 100 hégire, et le narrateur D est né en l’an 101 hégire : on dit alors que la chaîne de transmission est coupé (hadith mounkati’ :coupé, cassé), et par conséquent le hadith est faible, parce que logiquement il doit y a voir un autre narrateur entre C et D, mais on ne le connait pas, donc ce narrateur tombe de la chaîne de transmission, et ses paroles sont contestées puisqu’il est inconnu, car on n’apprend pas notre religion des inconnus.
                                                     
Quand la coupure est  à la tête de la chaîne de transmission, c’est-à-d au début, du coté du rédacteur on dit alors que le hadith est suspendu en haut, et la coupure en bas. Mou'allaq ou arrêté, incomplet, faible

Un Hadith se dit Mou'allaq ou arrêté (suspendu) dans deux cas :

1/ dans le cas d’un maillon manquant du coté du rédacteur.
2/ dans le cas d’absence totale d’une chaîne de transmission,

Un hadith se dit moursal (altéré) littéralement « renvoyé », dans le cas d’absence du dernier maillon de la chaîne du coté du prophète (le dernier maillon de la chaîne de transmission des hadiths de ce genre est généralement  le tabi’ : le successeur.

Le hadith se dit mounkati’ : coupé, lorsqu’un maillon manque au milieu de la chaîne de transmission.

Le hadith se dit mou’dal : perplexe, lorsqu’ils manquent au milieu de la chaîne de transmission deux maillons ou plus.



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D’autres cas :

Si la chaîne de transmission est complète, successive et ininterrompue, mais le sanad présente un défaut au niveau d’un des maillons : Si le narrateur C par exemple est connu pour ses troubles de mémoire, on dit que le hadith est faible da’if, (narrateur faible), parce que cette personne n’est pas capable de transmettre le sens exacte du hadith, ou bien parfois il peut s’agir d’un narrateur non pieux, pervers, un innovateur, ne craint pas Dieu. Ce genre de personne on ne prend pas en considération ce qu’ils disent car ils peuvent dévier et transformer le sens du hadith.

Quand le narrateur est connu comme étant un menteur, dans ce cas on dit que le hadith est maudu’ (hadith inventé ou forgé).



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Autre question qui se pose : comment connaître l’état des narrateurs ?  

Au début de l’ère islamique, les gens de science rédigeaient la biographie des narrateurs se basant surtout sur ce que disaient leurs contemporains : Ce que disaient les enseignants du cheykh narrateur ainsi que ses élèves sur lui,
Les historiens qui rédigeaient les biographies soumettaient les narrateurs à des tests pour évaluer leur capacité de mémorisation !

Le test le plus célèbre c’est le test que les irakiens avaient fait subir à l’imam al Bukhari, ci-après son histoire :

« Quand Bukhari entra à Bagdad, les savants les plus éminents d’Irak qui avaient déjà entendu parler de lui auparavant, avaient décidé de le tester. Alors on lui a préparé dix hadiths dont les chaînes de transmissions étaient mélangées. Bukhari n’a pas reconnu les hadiths, il disait pour chaque hadith qu’on lui citait qu’il ne le connaissait pas. A la fin, Bukhari revint sur les hadiths cités en sa présence depuis le début, et les corrigea un par un. Le plus étonnant, c’est qu’il avait mémorisé les chaînes de transmissions erronées pour valoriser la correction. C’est à ce moment là que l’assemblée des savants conclut : « Bukhari est la référence suprême » ».

On trouve tout ce qui a été dit sur les narrateurs des hadiths dans des livres dont par exemple Siyar aʻlām al-nubalāʼ de L'imam Al Dhahabi où il a rédigé les biographies des gens de science sur 7 siècles.

Quand on trouve par exemple pour un même hadith une chaîne de transmission dont un narrateur B est faible, et par une autre voie (un autre sanad) dont un narrateur D faible aussi, dans ce cas, le hadith n’est plus faible, par ce qu’il n’est pas possible que les deux narrateurs B et D puissent commettre une même erreur. Le hadith sera corrigé et reconnu comme Hassan lighayrih (bon par la multiplication des chaînes de transmission), et devient une référence fiable.

Hassan lighayrih, littéralement : ‘hadith hassane par un autre que lui’.




Un hadith hassan (bon) est presque comme le hadith sahih authentique, sauf que dans la chaîne de transmission du hadith bon on trouve un narrateur faible d’une défaillance minime.

Un hadith sahih lighayrih (sahih par multiplication des chaînes de transmission des hadiths sahih), littéralement : ‘hadith sahih par un autre que lui’.

Enfin le hadith moutawatir (consécutif, successif et ininterrompu), est un hadith rapporté par plusieurs voies (chemins) dont les maillons (les narrateurs sont tous fort, de confiance, fiables), c’est le plus haut degré d’authenticité.

(Autre définition du mutawatir :
Consécutif : ce dit d'un hadith qui est rapporté par un si grand nombre de personnes qu'il est impossible qu'ils se soient concertés pour convenir d'un mensonge ou une même erreur.)

Cas du hadith irrégulier (chadh) et hadith dénoncé (munkar)

Supposons que le prophète a transmis une parole à la personne A, ensuite A a transmis la même parole à trois autres personnes qui sont toutes justes et fiables : B, C et D , ensuite les personne B et C ont transmis avec soin la même parole qui garde le même sens, mais la personne D a dévié le sens, dans ce cas c'est la personne D qui a commis une erreur, on le classe alors comme hadith irrégulier (chadh).



Mais dans le cas où la personne D fait partie du groupe des narrateurs faibles, on classe alors le hadith comme dénoncé (munkar)

Une dernière question :

Pourquoi on rencontre parfois des hadiths faibles corrigé rendus fiables, et parfois l’inverse, des hadiths sahih rendu faibles ?

Dans l’étude des sanad et des voies de transmission il existe beaucoup de détails très discrets que certains gens de science n’aperçoivent pas du premier coup comme des irrégularités par exemple. Les théologiens passent toute leur vie à scruter les hadiths, parfois ils font bien, et parfois ils se trompent.

En bref :

 Suivant la fiabilité des narrateurs (maillons des sanands), un Hadith est soit:


Accepté :  Cas des hadiths sahih, sahih li ghayrih
les hadiths hassane, et hassen li ghayrih
et les hadiths mutawatir

Soit contesté :  Cas des hadiths faibles : coupés, perplexes, irréguliers et dénoncé
Ou des hadiths complètement inventés.


Mais suivant les voies de transmissions, un hadith est soit :

Hadith mutawatir : unanimement admis comme sahih

Soit Hadith ahâd c’est-à-d (isolé) : rapporté par un nombre réduit de chaînes de transmission. Et parmi les hadiths ahâd on trouve ce qui est sahih, hassan, faible, chadh…...