| | Histoire et Géographie de l'Arabie et des Arabes. | |
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Hibat Allah Membre Ώ
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| Sujet: Histoire et Géographie de l'Arabie et des Arabes. Sam 7 Oct - 20:25 | |
| Voici comme prévu, un topic dédié comme le titre l'indique, à l'Histoire et Géographie de l'Arabie et des Arabes. J'essaierai de rassembler ici différents textes et articles et les analyser en s'attardant un peu sur les termes bibliques (Téma, Séla, Pharan, Médine.... etc) précédemment cités dans le sujet : https://causeries-islamo-chr.1fr1.net/t498-les-propheties-bibliques-sur-la-venue-du-prophete-mohammed-salla-allah-aaleyhi-wa-sallamMais d'abord dans ce premier post, j'ai jugé nécessaire de faire un rappel sur l'Orientalisme et ses origines, afin permettre aux lecteurs d'avoir une idée sur la conception chrétienne du monde oriental, précisément du monde arabe et musulman. Aux origines de l'orientalisme, ou comment l'Eglise fût manipulée :- Spoiler:
parmi la petite communauté des étudiant-e-s en « langues o’ » (orientales) ou en « Middle Eastern studies » (études du Moyen-Orient), il existe un bouquin bien connu de tou-te-s, une référence. Il s’agit de L’Orientalisme d’Edward Said. Edward Said était un Palestinien chrétien né à Jérusalem en 1935, éduqué en Égypte et aux États-Unis. Il était analyste littéraire et prof de littérature anglaise à l’université de Columbia. Il est mort en 2003. En 1978 il a publié le livre Orientalism dans lequel il questionnait l’objectivité des écrivains et académiques occidentaux [1] dans leur façon d’étudier et de représenter ce qu’ils appelaient l’Orient. Traditionnellement, l’orientalisme est le nom donné au champ d’études universitaires sur le Moyen-Orient et l’Asie en général. C’est ainsi que des institutions très prestigieuses dans le milieu ont des noms aussi vagues que « Institut national des langues et civilisations orientales » (INALCO, Paris) ou « École d’études orientales et africaines » (SOAS, Londres). A l’INALCO, on enseigne pourtant des langues d’Afrique occidentale comme le Peul, et même des langues américaines comme le Maya ou l’Inuktitut (langue des Inuits), et parmi celles qui sont réellement parlées à l’Est de Paris, des langues aussi variées que le Grec, le Japonais, le Tamoul, le Pashto… Cet institut se targue d’ailleurs de son offre de formation qui comprend plus de 90 langues… toutes réduites à l’appellation « langues orientales ». Cela s’explique aisément par les origines historiques de ces institutions. La plus ancienne des deux, l’INALCO, a été fondée en 1795 sous le nom d’École des langues orientales vivantes [2]. Sa création a pour but de former des traducteurs pour « la politique et le commerce ». Trois ans plus tard, ô hasard, Napoléon débarque en Égypte avec une troupe de scientifiques qui composeront la Description de l’Égypte, ouvrage en 23 volumes, décrit par Said comme « une grande appropriation collective d’un pays par un autre » [3], qui regroupe des sujets très divers comme l’antiquité, l’État moderne, les animaux d’Égypte, la topographie de l’Égypte… La SOAS, elle, est une institution beaucoup plus récente et en cela encore plus clairement coloniale. En effet, elle a été fondée en 1916 sous le nom de School of oriental studies (école d’études orientales), avec pour but avoué de former les cadres impériaux. Aujourd’hui ces institutions sont des références en matière de recherche, que ce soit pour la linguistique, l’histoire ou l’anthropologie par exemple. Mais la thèse d’Edward Said est que, si avant et pendant les colonisations les chercheurs servaient le pouvoir impérial avec leur travaux décrivant « l’Oriental » comme un être uniforme, fourbe, paresseux, désorganisé… les chercheurs actuels ne sont pas magiquement débarrassés de cet héritage simplement parce que « la colonisation céfini ». L’analyse SaidienneSaid utilise deux concepts philosophiques assez importants (il est possible que je me trompe un peu en les expliquant). Tout d’abord, il y a la notion de discours développée par Michel Foucault. Pour Foucault, la vérité n’est pas objective mais est créée par ceux qui possèdent le pouvoir, et transmise de génération en génération par un discours accepté et non questionné. Pour citer Said : « Cela est répété, il [Muhammad] est un imposteur, et chaque fois que quelqu’un le dit, il devient encore plus un imposteur et l’auteur de l’énoncé gagne un peu plus de crédibilité à l’avoir déclaré ». C’est là qu’une deuxième notion entre en jeu, celle de l’hégémonie culturelle d’Antonio Gramsci. L’idée, c’est que les intellectuels sont « les officiers de la classe au pouvoir » : ils édictent la culture dominante, et les gens y consentent car ils font confiance au prestige de cette classe. Ainsi, Said décrit l’Orientalisme comme un discours. Il est répété, accepté, et personne ne le remet en question car il est forgé et reproduit par une classe d’intellectuels qui ne peuvent pas avoir tort. La « vérité », ici, c’est que l’Orient est un concept valable. L’Orient existe, non comme réalité géographique ou culturelle, mais parce qu’il a été créé par l’Occident. Le simple fait qu’il existe comme objet d’étude le rend réel. Le problème, c’est que derrière ce concept d’Orient, il y a des gens qui sont colonisés et qui souffrent des représentations qui sont faites d’eux. Dire « l’Orient » et surtout « l’Oriental » permet d’essentialiser et de faire des généralisations sur toutes les personnes à qui est assignée cette appellation. Pour résumer, on peut citer Said, qui décrit les quatre principaux dogmes de l’Orientalisme : L’un d’eux est la différence absolue et systématique entre l’Ouest, qui est rationnel, développé, humain, supérieur, et l’Orient, qui est aberrant, non développé, inférieur. Un autre dogme est que les abstractions sur l’Orient, particulièrement celles basées sur des textes représentant une civilisation orientale « classique », sont toujours préférables à une preuve directe tirée des réalités orientales modernes. Un troisième dogme est que l’Orient est éternel, uniforme, et incapable de s’auto-définir ; en conséquence il est admis que l’utilisation d’un vocabulaire hautement généralisant et systématique pour décrire l’Orient d’un point de vue occidental est inévitable et même scientifiquement « objective ». Un quatrième dogme est que l’Orient est au fond quelque chose qui doit soit être craint (le Péril Jaune, les hordes Mongoles, le dominion brun) soit être contrôlé (par la pacification, la recherche et le développement, et carrément l’occupation dès que cela est possible).Ainsi donc la recherche occidentale axée sur « l’Orient » a permis de justifier et de servir le processus colonial. Et on pourrait donc penser que les chercheurs en question se sont assagis avec les décolonisations. Mais quand on voit qu’un professeur de littérature arabe, Francesco Gabrieli, écrit en 1965 (soit 3 ans après l’indépendance de l’Algérie et en plein pendant la guerre du Viêt Nam) que le colonialisme est « mort et enterré » après nous avoir parlé de « ses méfaits et ses splendeurs (et pas seulement ses méfaits, ami-e-s de l’Est, avec ou sans votre permission) », il y a de quoi se poser de sérieuses questions sur la fameuse objectivité scientifique des chercheurs occidentaux. D’ailleurs, Bernard Lewis, qui a écrit en 1990 un article sur « les racines de la rage musulmane », dans lequel il parlait de « choc des civilisations » déjà avant Huntington [4], nous explique gentiment que les Orientalistes, qui sont humains, peuvent bien sur être biaisés, mais que ça sera « en faveur de, plutôt que contre, leur objet d’étude ». Quoi vous comprenez pas que quand Bernard écrit que la rage musulmane c’est « la réaction peut-être irrationnelle mais certainement historique d’un ancien rival contre notre héritage judéo-chrétien, notre présent laïque et l’expansion mondiale de ceux-ci », il est juste biaisé par son amour sans limite pour « le musulman » (comme il dit) ? Comme vous le voyez, en période post-coloniale, on écrit encore très bien des horreurs généralisantes et essentialisantes sur lémusulmans et lézarabes. Bernard Lewis a été prof à la SOAS et à Princeton, ce n’est donc pas un mec que je sors de nulle part pour prouver mon argument. Bien sûr il y a eu, suite a la publication de L’Orientalisme, beaucoup de remise en question des méthodes et des biais des Orientalistes étudiant le Moyen-Orient (d’après Said, dont le livre se concentre sur le Moyen-Orient arabe et musulman, les spécialistes des autres aires géographiques et culturelles couvertes par l’Orientalisme se sont réformés au 20ème siècle, mais bon ça m’étonnerait pas franchement qu’il dise ça surtout parce que ça l’intéresse pas). La Middle Eastern Studies Association états-unienne, par exemple, demande à ses membres de refuser tout financement étatique venant de la défense ou du renseignement. Et des mecs comme Bernard Lewis n’ont plus forcément très bonne presse. Il n’empêche que, pas plus tôt que cette année, j’ai (et surtout mes camarades racisé-e-s) dû me fader une heure de white tears de la part d’un prof d’histoire nous expliquant que le bouquin de Said était « injuste » et que quand même c’était trodur et trotriste de devoir lire ça quand tu as consacré toute ta vie à l’étude du Moyen-Orient. "Edward Said, nous continuerons ton chemin et ta pensée restera immortelle" sur le mur en CisjordanieOutre le fait que des visions racistes persistent dans le milieu académique, il ne faut pas oublier que l’Orientalisme ne se limite pas à cela, et que ce terme peut désigner toutes les représentations des « Orientaux » faites par des personnes occidentales. Et donc, un vecteur essentiel de la perpétuation du discours orientaliste aujourd’hui est les médias. Plus particulièrement depuis les années 90 et encore plus particulièrement depuis le 11 septembre 2001, nous sommes saturé-e-s de représentations telles que « le violent musulman qui a la haine », « le terroriste », « la femme voilée opprimée » : vous voyez que ces représentations ne sont pas forcément négatives au sens premier du terme, dans le sens où on va certes détester le terroriste mais éprouver de l’empathie pour la femme voilée opprimée. Le problème n’est d’ailleurs pas de représenter « un terroriste » ou « une femme voilée », mais d’enfermer tou-te-s les arabes musulman-e-s (ou supposément musulman-e-s) (ou supposément arabes) dans une représentation unique, figée, et essentialisante. Essentialisante car elle part du principe que c’est la nature « du musulman » d’être violent et d’opprimer « sa » femme. On n’observe pas des faits de société, on ne constate pas que statistiquement il y a tant de ci ou de ça, on dit juste « regardez là-bas comme ils sont violents et haineux et comme leurs femmes se font lapider ». Et comme pour la qualité d’imposteur de Muhammad, plus on le dit, plus ça devient vrai, et plus on a le droit de le dire. La sexualisation est aussi un aspect important des représentations orientalistes : on parle des harems, de la danse du ventre, de la sensualité des femmes orientales et de la sexualité débridée des hommes orientaux. Critiquer SaidComme je l’ai mentionné plus haut, le livre de Said a provoqué de nombreuses réactions scandalisées. Mais il serait je pense problématique de caricaturer toutes les critiques en les mettant sur le même plan que celles de personnes comme Bernard Lewis. Said, d’abord, a commis quelques erreurs factuelles, il a choisi de ne pas étudier les Orientalistes allemands et soviétiques, et honnêtement son livre n’est pas des plus clairs ni des plus digestes. Ce qui est plus problématique encore, ce sont les généralités auxquelles se livre Said lui-même pour parler de l’Orient. Déjà, dès qu’il sort de son aire d’expertise, il écrit des énormités du genre « les dialectes de l’Inde » (oui bonjour ce sont des langues au revoir). Mais il semble même ignorer les entreprises d’émancipation qui ont lieu au Moyen-Orient lui-même. Il ne faut pas oublier que Said, même s’il est arabe et palestinien, a été éduqué en anglais et est issu du système universitaire états-unien. Ainsi il affirme que la production académique en langue arabe est inexistante, et d’une façon générale ne mentionne rien de positif et de créatif qui émane du Moyen-Orient. Ernest J. Wilson III, un universitaire afro-américain, reproche à Said de se focaliser uniquement sur les dominants, ce qui donne l’impression que le problème est sans issue. Une autre critique qui me semble essentielle est celle de Zachary Lockman, qui reproche au livre de Said et aux débats qui l’ont suivi d’invisibiliser les critiques de l’orientalisme qui avaient été faites auparavant [5]. Cela est important notamment car ces critiques portaient sur des aspects plus matériels de la domination orientaliste, alors que Said se place essentiellement dans le champ des représentations. En gros, s’il est vrai que les représentations occidentales de l’Orient ont facilité les colonisations, Said semble parfois carrément affirmer qu’elles en sont la seule cause, sans mentionner les motivations économiques des puissances coloniales. Notes1 : je parle ici sciemment des Orientalistes au masculin car tous ceux qui sont nommément cités par Said sont des hommes. 2 : elle est héritière de l’école des jeunes de langues fondée en 1669 à Constantinople pour former des interprètes. 3 : les citations sont toutes traduites de l’anglais par moi-même. 4 : Samuel Huntington, prof de science politique à Harvard, a publié en 1996 un livre intitulé Le choc des civilisations, faisant suite à un article du même titre paru en 1993. Sa théorie, aujourd’hui malheureusement très en vogue dans le domaine de l’analyse politique et des relations internationales (surtout depuis le 11 septembre 2001), est que le monde serait composé de plusieurs civilisations dont les supposées incompatibilités culturelles seraient la principale source de conflits dans les temps à venir, plutôt que comme par le passé des incompatibilités politiques ou économiques. Huntington est même allé jusqu’à lister ces civilisations : l’Occident, la civilisation slavo-orthodoxe, l’Islam, la civilisation confucéenne, le Japon, la civilisation hindoue, l’Amérique latine, et « possiblement des civilisations africaines ». Je pense que ça se passe de commentaire. 5 : Citons quelques auteurs qui ont abordé la question de l’orientalisme, avant ou après Said, et pas nécessairement dans les mêmes termes que lui : Anouar Abdel-Malek dans son article « Orientalism in crisis » (1963) Abdul Latif Tibawi dans « English-speaking orientalists » (1964) Sadik Jalal al-Azm Aijaz Ahmad dans In Theory(1992) —- Edward Said, L’Orientalisme. L’Orient créé par l’Occident, 1980, Robert Laffont.https://lechodessorcieres.net/orientalisme-part-1-quest-ce-que-lorientalisme/
-- Dans le prochain post , je parlerai sur la différence entre Arabes/Enfants d’Ismaël | |
| | | Hibat Allah Membre Ώ
Religion : ISLAM Sexe : Messages : 1144
| Sujet: Re: Histoire et Géographie de l'Arabie et des Arabes. Jeu 12 Oct - 20:46 | |
| Salut Catholique - Catholique a écrit:
- J'ai également jeté un oeil sur l'autre topic : tu devrais mieux choisir tes sources.
Très bien. Selon toi, qu'est-ce qui peut être une source authentique pour décrire l'Orientalisme ? | |
| | | Catholique Membre
Religion : Catholicisme Sexe : Messages : 450
| Sujet: Re: Histoire et Géographie de l'Arabie et des Arabes. Ven 13 Oct - 17:55 | |
| Bonjour Hibat Allah, Voici ce que je voulais dire quand je te parlais de mieux choisir tes sources. Tu as choisi de publier en "spoiler" un article emprunté au site "L'écho des sorcières" : - Hibat Allah a écrit:
https://lechodessorcieres.net/orientalisme-part-1-quest-ce-que-lorientalisme/ Voilà comment le site se présente lui-même, je te laisse apprécier. https://lechodessorcieres.net/quid/ - L'écho des sorcières:
A propos de l’Écho des Sorcières
L’Echo des Sorcières est un magazine féministe. Le féminisme dont il est question dans ce magazine englobe les luttes de libération de toutes les personnes subissant une oppression du fait de leur genre, y compris celles oubliées par le féminisme institutionnel.
Ce féminisme s’adresse donc également aux femmes trans, hommes trans et personnes non-binaires, aux travailleuses du sexe, aux femmes racisées, aux femmes voilées, aux femmes en situation de handicap, aux femmes non-hétérosexuelles, aux femmes pauvres. Spécifiquement, les articles publiés par ce magazine se veulent respectueux envers ces personnes.
Le magazine est écrit et géré par des personnes subissant une oppression du fait de leur genre : femmes, hommes trans et personnes non-binaires.
Chaque participant-e écrit en son nom propre et est seul-e responsable de ce qu’æl écrit, dans la limite du respect dû aux personnes précitées.
Vous avez dit « mec cis » ?
Les hommes cisgenres (« mecs cis ») sont des personnes assignées garçon à la naissance et qui s’identifient comme tels. Ils bénéficient continuellement de l’oppression des femmes et occupent la quasi-totalité de l’espace médiatique. Pensez, même des magazines qui se présentent comme féministes sont dirigés par des hommes cisgenres. Bonjour le conflit d’intérêt ! Comment une personne qui bénéficie quotidiennement des oppressions liées au genre pourrait-elle en toute sérénité participer – ne parlons même pas de diriger – une entreprise, association ou collectif ayant pour but d’éradiquer cette oppression ? Vous imagineriez un patron du CAC 40 à la tête du parti communiste ? Nous non plus, c’est pour cette raison que notre rédaction est non-mixte, ouverte uniquement aux personnes qui d’une manière ou d’une autre sont opprimées du fait de leur genre. Femmes, personnes non-binaires, hommes trans.
Il me semble que ce site est très orienté idéologiquement, quitte à prendre des libertés avec la vérité factuelle. Voici par exemple un article sur la zététique : https://lechodessorcieres.net/zetetique-et-feminisme/ La zététique créée par Henri Broch, physicien et marxiste, se donne pour objectif de démontrer que les religions sont des mystifications. C'est un véhicule de l'athéisme. Pour revenir à ton article, il s'agit de traiter d'Edward Said qui est indiscutablement un grand historien de l'Orient mais aussi un homme de paix, un érudit, un linguiste. Ses travaux sur l'histoire du discours colonial sur les peuples orientaux qui sont l'objet de l'article, ont été réfutés : il a manqué de rigueur dans son analyse et cédé à 2 simplifications, celle de l'Oriental (forcément opprimé) et celle de l'Occidental (forcément oppresseur). Il ne faut pas s'étonner de trouver sur ce site, un écho de ses travaux, dans un sens sans doute encore plus réducteur que la pensée originale de l'auteur. - Hibat Allah a écrit:
- Aux origines de l'orientalisme, ou comment l'Eglise fût manipulée :
Là, je reconnais bien ta touche personnelle : on ne voit pas dans ton propos où l'Eglise aurait été manipulée, ni quand, ni pourquoi. Quant aux origines de l'orientalisme, je suis désolée mais cela ne commence pas avec Edward Said... Pax Christi, Catholique | |
| | | Hibat Allah Membre Ώ
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| | | | Catholique Membre
Religion : Catholicisme Sexe : Messages : 450
| Sujet: Re: Histoire et Géographie de l'Arabie et des Arabes. Sam 14 Oct - 6:11 | |
| Bonjour Hibat Allah,
C'est un reproche que l'on peut faire à Edward Said : dans son oeuvre, il a perdu de vue "la fascination de l'Orient". C'est-à-dire l'admiration que l'Occident a porté à l'Orient, pour le raffinement de sa culture. La relation Orient/Occident n'est pas seulement celle de la domination, du colonialisme ou de l'impérialisme mais bien aussi celle de l'admiration.
Pour répondre à ta question, si je devais traiter le sujet, je commencerais par aller au plus près de la source de mon sujet et je m'intéresserais aux auteurs antiques et à ce qu'ils ont pu décrire des peuples orientaux en général, et arabes en particulier.
Pax Christi,
Catholique | |
| | | Hibat Allah Membre Ώ
Religion : ISLAM Sexe : Messages : 1144
| Sujet: Re: Histoire et Géographie de l'Arabie et des Arabes. Ven 9 Mar - 19:50 | |
| Avant d’entamer l’histoire et géographie de l’Arabie et des peuples arabes, je souhaiterais d’abord clarifier le sens exact du terme : arabe, pour en finir avec la confusion Arabo/Musulman dans laquelle tombent beaucoup de gens.
Ci-après un hadith rapporté selon une chaîne de transmission très faible. A noter qu'un hadith faible n’est pas forcément rejeté, généralement le sens est authentique.
أَيُّهَا النَّاسُ إِنَّ الرَّبَّ رَبٌّ وَاحِدٌ وَالأَبَ أَبٌ وَاحِدٌ، وَلَيْسَتِ الْعَرَبِيَّةُ بِأَحَدِكُمْ مِنْ أَبٍ وَلا أُمٍّ وَإِنَّمَا هِيَ لِسَانٌ، فَمَنْ تَكَلَّمَ بِالْعَرَبِيَّةِ فَهُوَ عَرَبِيٌّ"
"Ô gens, le Seigneur est Un (Dieu), le père est un (il veut dire Adam), et l’arabe n’est pas le père ni la mère d’aucun d’entre vous, c’est juste une langue (langage), celui qui parle arabe est un arabe".
De ce hadith on tire la conclusion que l’arabité n’est pas liée à une race, ni à une ethnie ni à un peuple donné, islamiquement on peut dire que :
Arabité = Arabophonie.
A suivre… | |
| | | Hibat Allah Membre Ώ
Religion : ISLAM Sexe : Messages : 1144
| Sujet: Re: Histoire et Géographie de l'Arabie et des Arabes. Mer 4 Avr - 21:34 | |
| Dans l'article ci-après sont citées des notions élémentaires sur l'évolution de l'appellation Arabe. La confusion Arabe/Musulman serait finalement le fruit des thèses orientalistes mal établies. En amalgamant donc la religion musulmane avec l'arabité, et faisant de l'Islam une croyance ethnique, les orientalistes ont induit en erreur la planète entière. Proposant l'hypothèse que les arabes sont une ethnie ayant obligatoirement un ancêtre en commun, ils ont fini par exclure les sud-arabiques de la nation arabe. C'est la conclusion qu'on peut tirer de l'article : - Spoiler:
Question : Qui est considéré Arabe aujourd'hui ? Seuls les habitants de l'Arabie Saoudite, lieu où se trouvaient les Arabes à l'époque du Prophète, ou bien tous ceux qui se disent Arabes : les Egyptiens, les Tunisiens, les Somaliens, etc. ? Qu'est-ce qu'un Arabe ? - Réponse :
La réponse est : "être Arabe", c'est "être de la culture arabe", ce n'est pas être descendant des Arabes originels. L'"arabe" est l'homme chez qui ce sont la langue et la culture arabes qui dominent (toutes autres langue et culture) : "من تغلب عليه العربية فهو عربيّ". Explications détaillées... - A) La péninsule arabique pourrait être l'origine de tous les peuples sémitiques : Certains spécialistes occidentaux ont émis comme théorie que tous les peuples sémitiques pourraient être issus de la péninsule que l'on nomme aujourd'hui "arabique". C'est le cas de Jean Bottéro, assyriologue bien connu. Parlant des Akkadiens (des sémites), il écrit : "Les Sémites en question, que nous appelons conventionnellement des Akkadiens, sont les plus vieux représentants de cette branche culturelle et linguistique vénérable qui fleurit encore de nos jours. Sa première patrie pourrait avoir été l'Arabie, dont la transformation successive en savane puis dans l'impossible désert qu'elle est devenue aurait repoussé sur ses franges ses anciens occupants"(Babylone – A l'aube de notre culture, Jean Bottéro, Découvertes Gallimard, 1994, p. 18). Cette thèse est rendue possible par le fait qu'à l'époque, différents peuples nomades ou semi-nomades, d'origine commune, se séparaient souvent ainsi : une première vague se détache du groupe et s'établit dans une autre contrée plus accueillante. Là, sédentarisée, elle modifie peu à peu, au contact d'autres peuples, sa langue, sa culture, ses mœurs et ses croyances, et prend le nom d'un de ses ancêtres immédiats. Des siècles plus tard, si une autre vague se détache du groupe d'origine, les différences culturelles et linguistiques avec la première vague sédentarisée sont devenues telles que la nouvelle vague nomade considère le peuple sédentarisé comme lui étant étranger. Il n'est donc pas impossible que ce soit d'une même souche habitant la péninsule dite aujourd'hui "arabique" que tous les peuples sémitiques soient issus. - B) Même aux temps anciens, tous les Arabes de la péninsule arabique ne formaient pas une seule ethnie : En effet, car les anciens Arabes distinguaient : – 1) les 'Arab 'âriba, "العرب العاربة", ou "Arabes originels" : il s'agit des Arabes descendant de peuples présents dans la péninsule avant que Ismaël ne s'y installe ; – 2) les 'Arab musta'riba, "العرب المستعربة", ou "Arabes arabisés" : ce sont les Arabes descendant directement de Ismaël fils de Abraham : Ismaël lui-même s'est arabisé au contact de la tribu Banû Jur'hum, qui s'était installée au lieu qui allait devenir la cité de La Mecque, lieu où sa mère Agar et lui se trouvaient déjà. D'autres anciens Arabes distinguaient 3 types d'Arabes : les 2 catégories précédentes, auxquelles il faut rajouter : – 3) les 'Arab bâ'ïda, "العرب البائدة", ou "Arabes disparus" : les 'Âd, Thamûd, etc. Ibn Kathîr a retenu la classification double (Qassas ul-qur'ân, 3/281-282), Ibn Hajar la classification triple (Fat'h ul-bârî, 6/658). On voit ici que dès les temps anciens, au sein même de la péninsule arabique, des hommes s'étant arabisés au contact d'Arabes originels ont été considérés comme Arabes à part entière. - C) Quel est le sens originel du mot "arabe" ? Le terme "arabe" vient du mot "'araba", qui désigne le désert (Ardh ul-qur'ân, Sulaymân Nadwî, p. 51, voir aussi Qassas ul-qur'ân, 1/103), parce que la péninsule arabique est constituée dans sa plus grande partie de déserts. Le terme désignait ainsi, à l'origine, la terre connue aujourd'hui sous le nom de "péninsule arabique". Puis il en est venu à désigner les habitants de cette terre (Ardh ul-qur'ân, p. 52). Or, ce que les habitants de cette terre avaient en commun est une langue et une culture, du moins ce qui en émergeait comme une sorte de plate-forme commune malgré des différences existant surtout entre Nord et Sud. C'est ainsi – et nous allons le voir dans les lignes qui suivent – que le terme arabe va se mettre à désigner non plus seulement les habitants de cette péninsule mais tous ceux qui partagent les aspects significatifs de leur culture et civilisation. - D) Deux types d'habitants de l'Arabie : du Nord et du Sud – Deux types de langues : nordarabique et sudarabique : Du côté des historiens, ce qui fait l'unanimité c'est qu'à la veille de l'apparition de l'islam en Arabie, des différences linguistiques et culturelles et une sorte de concurrence existaient entre les Arabes du Sud de la péninsule et ceux du Centre et du Nord (Fajr ul-islâm, Ahmad Amîn, pp. 5-6). Les habitants du Centre et du Nord de la Péninsule étaient d'un degré de civilisation beaucoup moindre que celui qu'avaient atteint les habitants du Sud. Les idiomes étaient également différents : l'idiome du Sud avait réalisé de nombreux emprunts à l'abyssinien, celui du Centre et du Nord au nabatéen. - E) Les anciens habitants du Sud de la péninsule arabique sont-ils eux aussi des Arabes ? Pour les historiens arabes des siècles passés, la réponse est "Oui". Ces anciens historiens nommaient "arabes" tous ceux qui avaient comme habitat la péninsule arabique. Les historiens arabes, eux, écrivent ainsi que, dans l'Antiquité, deux types d'Arabes coexistaient dans la péninsule arabique : – il y avait les Arabes Adnanites ("al-'arab al-'adnâniyya", "العرب العدنانية"), dont l'habitat principal était le Centre et le Nord de la péninsule, – et il y avait les Arabes Yactanides ou Jectanides ("al-'arab al-qahtâniyya", "العرب القحطانية"), habitant surtout le Sud de la péninsule. Le qualificatif "arabe" était donc chez eux d'une application très large, car englobant les Arabes Adnanites comme les Arabes Yactanides. Par contre, les historiens occidentaux ne nomment "arabes" que ceux qui parlaient une langue proche de la langue arabe classique, donc une langue "nordarabique", à l'exclusion de ceux qui parlaient une langue classée "sudarabique". C'est à partir de cette définition que les historiens Jean et André Sellier ont écrit : "L'existence de populations de langue arabe est attestée (…) au IXème siècle avant J.-C. Elles occupent alors une grande partie de la péninsule arabique et le désert de Syrie. (…) A la périphérie du désert, les Arabes côtoient d'autres populations. Ils s'infiltrent dans les royaumes sudarabiques et y imposent peu à peu leur langue" (Atlas des peuples d'Orient, pp. 48-49). Voyez : ces deux historiens ne nomment pas "arabes" les populations parlant le sudarabique. Il semble pourtant que tout dépend de l'acception que l'on donne au terme "arabe" : --- si on appréhende ce terme dans le sens de "langue proche du nordarabique" – comme le font les linguistes occidentaux –, alors effectivement le sudarabique n'entre naturellement pas dans le cadre de ce qu'il désigne, et les populations qui le parlaient exclusivement ne sont alors pas "arabes" ; --- par contre, si on l'appréhende dans un sens plus large – comme le faisaient les anciens historiens arabes –, le sudarabique est inclus dans le cadre désigné par ce terme, et les populations qui le parlaient exclusivement sont elles aussi "arabes". Pour plus de détails, cliquez ici pour lire notre article au sujet de langue arabe. C'est ce qui explique que, pour les anciens historiens arabes, les habitants du Sud de péninsule arabique étaient eux aussi "des Arabes". - F) D'anciens historiens arabes ont lié ensemble les deux classifications : Selon la tradition, Agar et Ismaël furent laissés par Abraham (respectivement mari et père pour eux) dans une vallée de la péninsule arabique et une source d'eau y jaillit ensuite. Un groupe de nomades, les Jur'hum, passant dans les environs et remarquant la présence d'eau, s'approcha et décida de s'installer lui aussi sur les lieux. C'est ainsi que la cité de La Mecque fut fondée. Ismaël apprit "al-'arabiyya" [apparemment une sorte de proto-arabe] des Jurhum, au milieu desquels il vivait. C'est également chez les jur'humites qu'il se maria et c'est ainsi que naquirent ses enfants (tout ceci figure dans la parole de Ibn Abbâs rapportée par al-Bukhârî, n° 3183 : lire un article détaillé sur le sujet). Ismaël a donc été "arabisé" au contact d'Arabes originels. C'est pourquoi on distingue deux catégories principales chez les Arabes de l'époque (nous l'avons déjà dit au point B) : – les Arabes descendant de peuples présents dans la péninsule avant que Ismaël ne s'y installe : eux sont nommés : "les Arabes originels", "العرب العاربة", "'Arab 'âriba" ; – et les Arabes descendant de Ismaël : eux sont nommés : "les Arabes arabisés", "العرب المستعربة", "'Arab musta'riba". La plupart des historiens arabes ont ensuite lié ensemble les deux classifications (celle évoquée au point B et celle évoquée au point E). Selon eux : – les Arabes du Centre et du Nord étaient les Arabes Adnanites ("'Arab 'adnâniyya"), les fils d'Ismaël : des "Arabes arabisés" ("'Arab musta'riba") (puisque leur père Ismaël s'est "arabisé" au contact des Banû Jur'hum) ; – et les Arabes du Sud étaient les Arabes Yactanides ("'Arab qahtâniyya"), qui n'avaient pas pour ancêtre Ismaël : ils constituaient les "Arabes originels" ("'Arab 'âriba"). - G) Qui est "Arabe" aujourd'hui ? Les "Arabes du temps du Prophète (que Dieu le bénisse et le salue)", écrit en substance Ibn Taymiyya, avaient en commun 3 éléments : – ils étaient les descendants d'"Arabes" ; – ils parlaient un des idiomes reconnus comme étant arabes ; – ils habitaient la "terre des Arabes", la péninsule arabique : celle-ci comprenait le Yémen mais non pas la Syrie (Al-Iqtidhâ, pp. 155-156). Après la mort du Prophète, les premiers musulmans – très majoritairement des Arabes – conquirent des pays avoisinants. Certains de ces musulmans arabes s'installèrent alors dans tout un espace débordant le cadre de la péninsule arabique à l'est, à l'ouest et au nord (Ibid., p. 156). Des autochtones de ces pays se convertirent à l'islam et devinrent eux aussi musulmans. D'autres demeurèrent qui chrétien, qui juif, qui zoroastrien, qui sabéen, qui manichéen, qui polythéiste, etc. Les musulmans originaires d'Arabie et s'étant installés dans les pays voisins de la Péninsule arabique demeurèrent-ils des Arabes ? Et leurs descendants, furent-ils des Arabes ou bien des non Arabes ? Quant aux gens qui se convertirent à l'islam sur la main de ces musulmans Arabes des premiers siècles de l'Islam, devinrent-ils Arabes en même temps que musulmans, ou bien ne devinrent-ils que musulmans ? Et ceux qui gardèrent la religion de leurs ancêtres mais qui devinrent des habitants de la terre d'Islam, devinrent-ils des Arabes ou non ? Répondre à ces questions demande que l'on comprenne la situation de ceux qui s'installaient alors, dans la terre d'Islam, ailleurs que dans la Péninsule arabique même… D'un côté, du fait que les Arabes – hommes et femmes – installés ailleurs que dans la péninsule se mariaient entre Arabes mais aussi avec des autochtones – des convertis à l'islam, ou des femmes demeurées juives ou chrétiennes –, les habitants de la terre musulmane de ces premiers temps de l'Islam peuvent être classés, selon leur ascendance, comme suit : – il y avait des gens qui descendaient d'Arabes ; – il y en avait qui descendaient de non Arabes ; – et il y en avait enfin qui ne connaissaient pas leur ascendance : est-elle arabe ou non arabe (Al-Iqtidhâ, p. 156). D'un autre côté, et indépendamment de leur ascendance, ces habitants de la terre musulmane de ces premiers temps peuvent aussi être classés comme suit, cette fois selon leur maîtrise ou non de la langue arabe : – il y en avait dont l'arabe était demeuré ou était devenu la langue usuelle et de référence ("taghlibu 'alayhim al-'arabiyya") ; – il y en avait qui parlaient l'arabe – c'est-à-dire se débrouillaient pour communiquer par le canal de cette langue – mais dont la langue de prédilection et de référence était autre ("taghlibu 'alayhim al-'ajama") ; – et il y en avait qui n'étaient que très peu capables de parler la langue arabe ("lâ yatakallamun bihâ illâ qalîlan") (d'après Al-Iqtidhâ, p. 156). Qui était donc Arabe parmi ces gens : celui qui était petit-fils d'Arabes venus de la péninsule, même si la langue de référence était une langue autre que l'arabe ? ou bien celui dont la langue et la culture était devenues arabes, n'eût-il que du sang de Persans dans les veines ? ou les deux ? Il ressort des écrits de Ibn Taymiyya que l'Arabe est celui que l'"arabité" domine, même si ses ancêtres ne sont pas Arabes ; par contre, celui qui a abandonné l'arabité n'est pas un Arabe, fût-il descendant d'Arabe ("man taghlibu 'alayhi-l-'arabiyya" – p. 156, ligne 24 – "al-lissân al-'arabî wa akhlâq ul-'arab" – p. 157 – "man tashabbha, min al-'arabi [naslan], bi-l-'ajam, lahiqa bihim, wa man tashabbha, min al-'ajami [naslan], bi-l-'arab, lahiqa bihim" – p. 153). (Rappelons par contre que la règle de l'interdiction, pour les Hashémites, de recevoir l'aumône concerne quant à elle tous ceux qui descendent des Banû Hâshim, même s'ils ne parlent pas la langue arabe et ne sont donc pas Arabes : Al-Iqtidhâ, p. 157.) Dans le même ordre d'idées, à l'intérieur de tout l'espace devenu terre d'Islam – Dâr ul-islâm –, les régions sont, elles aussi, "arabes" ou "non-arabes" en fonction de la langue qui y domine (il se peut ensuite qu'à l'intérieur d'une région "arabe" vive en minorité un groupe non-arabe). Ibn Taymiyya fait la classification suivante de ces régions : – il y a la terre arabe d'origine ("al-buq'a al-'arabiyya ibtidâ'an") : il s'agit de la péninsule arabique, où la langue arabe était et restait la langue dominante ; – il y a encore la terre devenue arabe ("al-buq'a al-'arabiyya intiqâlan") : il s'agit de l'espace constitué par les pays d'Islam dont la langue était auparavant le grec, le persan ou le berbère mais où l'arabe devint langue dominante ("ghalaba 'alâ ahlihî lissân ul-arab hattâ lâ ta'rifa 'âmmatuhum ghayrahû, aw ya'rifûnahu wa ghayrahû") ; ce fut le cas de la Syrie, de l'Irak, de l'Egypte, du Maghreb etc. ; ce fut aussi, pendant une séquence de temps, le cas de la Perse, du Khorassan (et de l'Andalousie) ; – il y a enfin la terre non-arabe ("al-buq'a al-'ajamiyya") : il s'agit des pays où une langue autre que l'arabe demeura la langue dominante ("al-'ajamatu kathîratun fîhim aw ghâlibatun 'alayhim") ; ce fut le cas des terres turques, de l'Azerbaïdjan, etc. (Al-Iqtidhâ, p. 156). Ce n'est donc pas l'ascendance mais la langue – et tout ce qu'elle véhicule de culture – qui est le critère faisant ou ne faisant pas de quelqu'un un Arabe. Dans le même ordre d'idées, le site Internet de l'Institut du Monde Arabe écrit : "… c'est sur l'usage d'une langue supposée une, à l'époque comme encore aujourd'hui, que s'appuie principalement la délimitation du monde des Arabes" ; le site reprend ensuite la définition de Maxime Rodinson : "Appartiennent au peuple arabe ceux qui ont comme langue maternelle l'arabe ou une de ses variantes naturelles, qui revendiquent l'identité arabe et qui regardent l'histoire et les traits culturels arabes comme leur patrimoine" (fin de citation). Dès lors, les populations qui ont adopté la langue arabe et se sont arabisées après la conquête musulmane sont, elles aussi, arabes. Les historiens Jean et André Sellier écrivent ainsi : "La distinction entre Arabes au sens strict (descendants des tribus de l'époque de Muhammad) et "arabisés" (descendants des populations ayant adopté la langue arabe après la conquête) s'est estompée au fil des siècles. Sont "arabes" – au sens large – les personnes qui ont pour langue maternelle l'arabe" (d'après Atlas des peuples d'Orient, p. 46). Ces populations sont devenues arabes à cause de l'expansion de la terre d'Islam, fussent-elles devenues aussi musulmanes ou fussent-elles demeurées chrétiennes, juives, zoroastriennes, sabéennes, polythéistes ou autres. Car rappelons ici qu'il ne faut pas confondre "arabe" et "musulman". S'il est vrai que l'interaction a été grande entre ces deux entités, s'il est vrai que le Prophète Muhammad (sur lui la paix) était Arabe de même que ses Compagnons, il ne faut pas oublier que depuis les premiers temps de l'Islam jusqu'aujourd'hui, il y a des Arabes qui sont chrétiens, juifs ou autres. D'un autre côté, les trois quarts des musulmans du globe ne sont pas Arabes mais Malais, Indiens, Chinois, Africains, Européens et Américains. Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).
Pour aller plus loin : https://www.maison-islam.com/articles/?p=276 A suivre..... | |
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